Avec un total de 125 millions de disques vendus dans le monde entier, Dalida fut indiscutablement la plus populaire des chanteuses du vingtième siècle, bien avant Madonna. Une popularité qui confine à la démesure : bien qu’il soit, par définition, impossible à comptabiliser précisément, le commerce souterrain des disques et cassettes pirates atteindrait, rien qu’au Moyen-Orient, le nombre vertigineux de vingt millions de copies illicites.
De ses débuts renversants (« Bambino », tube imparable) à sa reconversion en Reine des discothèques, elle a fait naître des vocations de collectionneurs de vinyle… dont certains, introuvables, sont presque hors de prix sur le marché collector.
Le contexte

L’arrivée de Dalida dans le monde de la chanson s’inscrit dans une période de transition avant une profonde mutation de l’industrie discographique. Ses premiers enregistrements sont publiés dans la seconde moitié des années 50, à un moment où le 78 tours, seul support connu, n’est guère présent dans de nombreux foyers : il faudra attendre la généralisation du vinyl pour que la plupart des familles du monde moderne possèdent au moins un disque. Aujourd’hui, les collectionneurs en possèdent des milliers.
Quelques exemples…
Le tout premier disque de Dalida est sorti le 28 août 1956… Simplement intitulé « N°1 » il vaut aujourd’hui près de 150€; il porte les chansons : Madona / Guitare flamenco / Flamenco bleu / Mon cœur va et sa référence est Barclay 70034.

Ce disque, toutefois, n’obtient pas un grand succès. Au point qu’il devient malgré lui une « rareté » et sera réédité sous pochette quasiment identique deux ans plus tard (inauguré en 1957, un bandeau blanc portant les titres et placé au sommet de la pochette, distingue les rééditions de 1958 ; les éditions originales, quant à elle, sont très ostensiblement numérotées au recto, d’abord de 1 à 4, puis jusqu’à 9, numérotation qui sera abandonnée fin 1958, s’achevant avec le neuvième super 45 tours).
Le deuxième disque, intitulé « N°2 », propose : La violetera / Gitane / Le torrent / Fado (référence Barclay 70039). Le premier pressage de 1956 vaut 130€, le deuxième pressage de 1958, un peu moins : 100€.
Le succès arrive rapidement
Dès son troisième disque, Dalida devient une vedette. On croirait à tort que ses disques en deviennent plus faciles à trouver, donc moins rares. Ce n’est que partiellement vrai : certes certains se négocient aujourd’hui à 30 €, mais les éditions originales ont toujours la cote.
Bambino lui colle à la peau

Le « N°3 » propose les chansons : Bambino / Por favor / Aime-moi / Eh ! ben’ (super 45T Barclay 70 068) La première pochette (gros plan) vaut 130€, deuxième pochette (avec gamin) : 30€. Pour le premier tirage, on utilise simplement une photo en gros plan de la chanteuse. Une pièce aujourd’hui rarissime. La seconde pochette, quant à elle, a toute une histoire ! Le gamin qui pose avec Dali, le « bambino » de l’histoire, est plutôt un gavroche, presque un poulbot ! En réalité, deux jeunes garçons furent sélectionnés… mais, évidemment, il fallait n’en garder qu’un. L’heureux élu se nomme David Hollender, et Dalida ne l’oubliera pas : les retrouvailles se feront dix-huit plus tard, à Belleville, dans son humble studio tapissé d’affiches de la star. Et il n’a jamais manqué un Olympia de sa chanteuse préférée. En 1974, il est devenu un homme… mais ses potes l’appellent toujours Bambino ! Titre emblématique mais trop daté, « Bambino », à cette époque, a disparu du répertoire de Dali… mais demeurera présent au « fonds de commerce » : à l’occasion de duos exceptionnels (en 1977 avec Enrico Macias et en 1979 avec Plastic Bertrand), et, en règle générale, en concert lorsqu’une audience, particulièrement chaleureuse, ne parvient pas à quitter la salle malgré d’innombrables ovations et baissers de rideau, Dalida offrira sa chanson fétiche en ultime rappel, et ce jusqu’à la fin de sa trop courte vie